Mes amis le savent, je suis plutôt quelqu’un de sociable qui aime le contact avec les gens. Une fois ma décision de tout quitter pour voyager seul à travers le monde actée, j’ai pris conscience qu’une peur émergeait en moi. Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête : Comment vais-je gérer les possibles moments de solitude à venir ? Comment vais-je me débrouiller pour communiquer avec ceux qui ne parlent pas anglais ? D’ailleurs, vais-je rencontrer de nouvelles personnes ? Me faire accepter et créer de nouvelles amitiés malgré ces barrières ? Des craintes, parfois irrationnelles, qui ont vite disparu une fois le voyage démarré. Je vous explique pourquoi.
Depuis mon retour en France et avec un peu de recul, je m’aperçois ne jamais avoir souffert de la solitude lors de mon périple. Pas même une fois. Pire, j’ai même pris plaisir à être totalement seul sur certaines étapes de mon voyage. En essayant de comprendre pourquoi cela ne m’a pas dérangé, voici les éléments de réponse que j’ai identifié.
J’ai connu une transition en douceur vers ma nouvelle vie de voyageur solo
J’ai passé les 3 premières semaines de mon voyage en compagnie de 4 amis très proches. Pour eux les vacances, pour moi le début du tour du monde. Nous avons démarré avec la Tanzanie et l’ascension du Kilimandjaro. Après cette dure semaine de trek, nous nous sommes rendus à Zanzibar et ses plages paradisiaques pour se reposer. Puis nous avons enchainé avec un trip en voiture entre Johannesburg et les Chutes Victoria au Zimbabwe. A chaque étape, l’un de mes amis rentrait en France. J’ai donc progressivement glissé vers le début de mon aventure en solo qui a réellement démarrée à Johannesburg. Leur présence a permis d’adoucir le choc entre mon ancienne et ma nouvelle vie de voyageur.
Par ailleurs, se lancer à la conquête du plus haut sommet d’Afrique m’a poussé à déconnecter rapidement de ma vie parisienne en me concentrant à 100% sur la réussite de ce challenge. Au bout de quelques jours, j’avais déjà oublié les tracas de mon ancien quotidien. J’étais complètement investi dans la réussite de ce défi et par extension de mon tour du monde.
Je voulais voyager seul
Je voulais partir seul pour plusieurs raisons :
- Me garantir une liberté absolue d’initiatives et de mouvements,
- M’éviter la recherche fastidieuse d’un.e partenaire de voyage qui peut mobiliser une année et un budget similaire,
- Me donner un maximum de chances de vivre de nouvelles expériences en évitant le piège du « cercle » d’amis qui protège et sécurise mais limite l’ouverture à de nouvelles opportunités,
- Me tester physiquement et mentalement en sortant de ma zone de confort,
- Me concentrer sur la photographie.
Je me souviendrais toujours de ce dimanche matin à Johannesburg. Après 3 semaines incroyables qui avaient davantage le goût des vacances, voici venu le temps de me retrouver seul pour démarrer ce voyage que je voulais tant. Guillaume prend son avion pour Paris à 10h. Je l’accompagne. Il fait beau. Mes sentiments se mélangent : je suis triste de voir partir un ami cher, et en même temps tellement heureux et impatient de démarrer mon aventure en solo. Je la voulais cette aventure, la voici. J’ai envie de bouffer le monde, de rencontrer un maximum de gens, de vivre cette expérience à 100%. Je suis dans les meilleures conditions pour démarrer ce trip, totalement en phase avec les objectifs que je me suis fixé.
Nous ne sommes jamais vraiment seul
Une fois livré à moi-même, je vais vite me rendre compte que les nouvelles rencontres s’enchainent naturellement. Les auberges de jeunesse sont évidemment le lieu idéal pour rencontrer d’autres voyageurs. Les activités auxquelles vous participerez vous permettront également de sympathiser avec de nouvelles personnes. Puis, il y a les rencontres fortuites. Celles qui sont généralement les plus surprenantes et souvent les plus intéressantes. Je me souviens avoir rencontré un soir dans un restaurant namibien deux sud-africains d’une soixantaine d’années qui m’ont invité de manière impromptue à leur table. Nous avons discuté ensemble près de 4h. L’un d’entre eux venait de perdre sa femme. Il en avait gros sur la patate. Il ne me connaissait ni d’Eve ni d’Adam et pourtant il s’est livré à moi comme si j’étais son propre fils. A la fin du repas, cet homme rempli d’émotions a lâché quelques larmes en me disant au revoir. Un moment fort que je n’aurais sans doute jamais vécu si je n’avais pas été seul ce soir-là.
Le voyage en solo ne signifie pas « être seul ». Sociable ou pas, vous rencontrerez de manière naturelle beaucoup de gens qui s’intéresseront à vous et votre démarche.
J’ai eu la chance de retrouver ma famille et mes ami.e.s pendant mon périple
Que ce soit en Afrique où j’ai démarré ce voyage en mode challenge sportif et vacances avec 4 amis ; en Amérique du Sud où j’ai retrouvé une copine qui faisait également un tour du monde ; en Polynésie avec mon meilleur ami qui m’a fait la surprise de me rejoindre à Tahiti ; ou encore en Chine avec la visite de mon père et ma sœur, mon périple a été égrené de rencontres avec ma famille et mes proches. Cela m’a permis de construire mon tour du monde par étapes, entre périodes de voyage en solo et moments plus détendus accompagnés par mes proches.
Pour être franc, plus le tour du monde avançait, plus il m’était difficile de voir mes proches partir. Ils me manquaient. Peut-être aurais-je préféré ne pas les voir du tout. Je ne sais pas. Dans tous les cas, même si leur départ était compliqué, leur présence m’a fait du bien à chaque fois.
Des galères, vous en aurez, des ressources pour les surmonter aussi !
Je ne vais pas vous mentir, partir seul à l’aventure présente plus de risques que lorsque l’on est accompagné. Il faut redoubler de prudence, ne faire confiance à personne, avoir un œil permanent sur ses affaires, bien se renseigner sur ses futures destinations et faire confiance à son instinct. Mais malgré toutes ces règles basiques de sécurité, vous ne serez jamais à l’abri d’une potentielle galère, vous devrez l’accepter et vous y préparer.
J’étais prêt à vivre des galères. Je savais pertinemment qu’un voyage d’une année qui me ferait traverser des pays comme l’Afrique du Sud ou le Brésil présente des risques.
J’ai connu ma première grosse galère au Brésil justement. Si vous avez suivi mon voyage sur Instagram, vous savez que c’est à Sao Paulo, le premier jour de mon arrivée, que je me suis fait voler mon sac qui contenait mes papiers (passeport, carte d’identité, permis de conduire, carnet de vaccins, etc…), mes cartes de crédit, un peu d’argent, mon appareil photo reflex et quelques affaires.
Un coup de massu ! Vous vous sentez nu et désemparé. Je n’avais même plus de quoi rentrer à l’hôtel. Les flics m’ont donné un peu d’argent pour prendre le taxi. Vous vous lamentez, vous ruminez et refaites la scène mille fois. Puis vous vous reprenez. Naturellement.
Viens l’étape ou vous cherchez des solutions. Trouver de l’argent, refaire ses papiers, racheter les affaires volées, etc… J’avais prévu de ne rester qu’une semaine au Brésil. J’y suis resté un mois ! Je reviens sur ce mois incroyable qui, malgré un départ catastrophique, est devenu l’un des meilleurs souvenirs de mon voyage ICI et ICI. Chacun d’entre nous a les ressources nécessaires pour se relever une fois à terre mais il faut accepter de se retrouver au pieds du mur. Cette expérience m’a permis de mieux me connaitre, de prendre confiance en moi, et a généré beaucoup de choses extrêmement positives à la fin. Aujourd’hui, je ne regrette rien et je suis même heureux d’avoir connu cette galère que j’ai surmonté seul.
En conclusion, n’hésitez pas à prendre le large seul...
Le monde est bien plus accueillant et sûr qu’on ne le pense. Vous trouverez toujours un moyen de communiquer et vous forgerez de nouvelles amitiés pour la vie. Vous vous sortirez de situations complexes parce que vous n’aurez pas le choix. Vous vous émerveillerez de la diversité de ce monde tout en vous rendant compte que l’être humain n’est pas si différent à l’autre bout du globe. Vous apprendrez à mieux vous connaitre. Enfin, vous vous apercevrez que vos craintes initiales se sont peu à peu transformées en une peur du retour. Mais ça c’est un autre sujet sur lequel j’écrirai bientôt :)
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Nicolas